Patrick Bollard, Serge Fotia, Springfield Marin et Jean-Paul Sornay, du collectif.  Photo Progrès /Jean Paul BARTHELET
Patrick Bollard, Serge Fotia, Springfield Marin et Jean-Paul Sornay, du collectif. Photo Progrès /Jean Paul BARTHELET

Arrivé en France en 2014, Mamady Condé, alors mineur, a entamé un apprentissage de peintre en bâtiment, suivi des cours de français et intégré le club de foot du Grand Lons. Après un retour forcé en Guinée, un collectif s’est organisé et travaille à son retour. Une promesse d’embauche l’attend.

Lorsque Mamady Condé a été reconduit en Guinée, le 10 décembre 2019, l’émotion a été grande chez les Jurassiens.

C’est alors qu’un collectif de soutien a été créé et s’est mobilisé. Une pétition recueille près de 1 500 signatures qui est remise en préfecture lors d’un rassemblement le 17 décembre 2019. Une délégation est reçue par le directeur de cabinet du préfet. Ce dernier prend des engagements : l’Interdiction de Retour sur le Territoire Français (IRTF) de Mamady sera levée dès qu’il remplira une des deux conditions : soit la promesse d’une embauche, soit son mariage en Guinée.

« On nous a réaffirmé cette promesse le 13 janvier 2020 lorsque nous avons été à nouveau reçus en préfecture », expliquent les membres du collectif.

Compétent et qualifié

Le 4 juin 2020, l’entreprise Déko Peinture de Vincent Riffiod, à Lons-le-Saunier, lui fait une promesse d’embauche en CDI pour plusieurs raisons : le bâtiment est un secteur en tension, Mamady Condé est compétent, qualifié pour la peinture et la pose de revêtements, et enfin deux de ses salariés qui l’ont connu dans l’entreprise Le Peintre souhaitent travailler à nouveau avec lui.

Entre incompréhension et colère
Mais la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE) ne peut pas continuer à instruire ce dossier déposé le 25 juin, tant que l’Interdiction de Retour sur le Territoire Français (IRTF) n’est pas levée par la préfecture…

Depuis c’est l’incompréhension et la colère au sein du collectif de soutien devant le mutisme de l’Etat. « La parole de l’Etat n’est pas respectée », assure Springfield Marin représentant régional du Réseau Éducation sans frontière (RESF).

« Aujourd’hui, sa souffrance est grande »

« Mamady s’est investi, a obtenu son CAP. Il est parti dans la violence mais avec l’espoir de revenir. Aujourd’hui, sa souffrance est grande, sa situation compliquée. Il n’a pas de travail, plus de liens familiaux, un hébergement précaire », explique Patrick Bollard qui a été son éducateur et qui entretient des contacts réguliers avec lui.

« Nous le soutenons financièrement. Nous lui envoyons une cagnotte tous les mois », déclare Jean-Paul Sornay, président de l’association Peuples Solidaires Jura.

« On ne comprend pas pourquoi ça bloque pour lui, ce n’est pas un cas lourd », conclut Serge Fotia, membre du Collectif de Soutien.

Si vous avez manqué le début

Mamady Condé, un jeune Guinéen, est arrivé en France en 2014. Alors mineur, il est confié à l’Aide sociale à l’enfance avant d’intégrer le dispositif des mineurs isolés étrangers (MIE) au sein du foyer Saint-Joseph à Lons-le-Saunier. Quelques mois plus tard, il intègre le club de foot de l’ASPTT Grand Lons, suit des cours de français, entame un apprentissage de peintre en bâtiment et décroche son CAP en alternance.

Cinq ans plus tard, le 14 novembre 2019, il est interpellé deux jours avant son mariage avec Ophélie sa compagne doloise, et placé dans le centre de rétention de Plaisir, dans les Yvelines avant d’être reconduit en Guinée, son pays d’origine, le 10 décembre 2019, dans le cadre d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF).

« On ne comprend pas pourquoi ça bloque pour lui, ce n’est pas un cas lourd », conclut Serge Fotia, membre du Collectif de Soutien.

 

Leprogres.fr, Par De notre correspondant, Jean-Paul BARTHELET

 

Le 2 janvier 2021

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