Au pied du barrage de Souapiti, il y a un arc-en-ciel quasi-permanent. Les milliards de gouttelettes d’eau en suspension, expulsées avec force du réservoir principal, s’irisent à la lumière du soleil.

ouest-France.fr
Le 13 octobre 2020

 Pour l’instant les turbines ne sont pas branchées, donc on régule simplement le niveau du barrage. Mais quand vous voyez cette puissance, vous imaginez la production d’électricité que cela va engendrer  , s’exclame Oury Diallo, le responsable du département génie civil du chantier.

La population rurale privée d’électricité

Souapiti est le plus grand barrage de la Guinée, d’une capacité de 450 mégawatts. Il devrait être capable d’alimenter le  Grand Conakry , la capitale et sa périphérie. Mais l’ouvrage a pris du retard et si  les gros tuyaux sont installés et fonctionnels » précise Olivier Hatet, chef de projet de la société Tractebel,  l’installation du réseau de distribution n’est pas dans nos attributions » . Comprenez : les lignes de basse et moyenne tension qui vont desservir les consommateurs dans les villes et villages. Ce chantier-là, incombe à l’État. C’est bien ce qui pose problème. 

En Guinée, seulement 3 % de la population rurale a accès à l’électricité. En dix ans de présidence d’Alpha Condé, cela n’a quasiment pas évolué. À 82 ans, premier président démocratiquement élu en 2010, le contesté Condé espère bien jouer les prolongations après le scrutin du 18 octobre.

L'ombre chinoise

Le barrage hydroélectrique de Souapiti est la dernière promesse du président guinéen. Mais impossible de savoir précisément quelle quantité d’électricité sera vraiment destinée au marché local. L’ouvrage titanesque, construit sur la base d’un partenariat public-privé avec la société chinoise CWE, filiale de l’entreprise publique chinoise Three Gorges Corporation, a coûté plus d’1,4 milliard de dollars. La CWE, qui détient 49 % de la société d’exploitation du barrage (l’État guinéen contrôle le reste), compte bien se rembourser en exportant du courant dans la sous-région. 

À Boké, dans l’ouest du pays, les habitants excédés par les coupures ont perdu patience. En 2017 et en 2018, des manifestants s’en sont pris aux bureaux de l’Électricité de Guinée (EDG). Le bâtiment aux vitres brisées n’a jamais été réparé.  À quoi bon ?  plaisante Abdoulaye Keïta, un jeune de la ville,  le problème n’est pas résolu, la colère est toujours là. On en a marre des promesses

Commentaires: 0