L’Africain de demain n’a pas vocation à occuper la périphérie d’un monde qui le nie en même temps qu’il le charme, qui lui construit des lendemains l’excluant au présent. Il lui faut alors sauver en lui l’audace de rêver.

J’ai voulu t’écrire pour te dire toute l’espérance que tu symbolises, mais l’actualité déverse la pestilence de ses nouvelles dans notre monde déjà fort pollué. L’application que nous mettons à détruire ce qui est déjà si fragile ne cesse de me surprendre. Chaque nouveau jour nous impose son lot de violence et d’injustice crasse. Alors ma missive sera moins optimiste que prévu, veux-tu m’en excuser ?

Pourtant ce siècle était prometteur, si tu savais… Ton siècle, ton millénaire, ton héritage ! Nous l’espérions neuf, débarrassé des scories du passé, libre des anciennes détestations, ouvert aux nouvelles légitimités, plus respectueux du vivant, mais non. Les canaux de la transmission sont depuis longtemps obstrués, ne reste que le cycle sans fin de nos névroses, épaissi de notre avidité, du cynisme et de l’arrogance qui en sont les corollaires.

Par Hemley Boum - Romancière camerounaise, Grand prix littéraire d'Afrique noire, Jeune Afrique

 

Le 6 janvier 2020

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