Les opposants au pouvoir au Mali ont commencé à se rassembler mardi 11 août à Bamako pour à nouveau réclamer le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, malgré la pluie et l'appel des Etats ouest-africains à privilégier le dialogue, ont constaté des journalistes de l'AFP.

«Nous voulons un vrai changement au Mali, IBK dégage», en référence aux initiales du dirigeant malien Ibrahim Boubacar Keïta, pouvait-on lire sur des pancartes lors de ce rassemblement de quelques milliers de personnes. Des manifestants réclamaient aussi la démission du premier ministre Boubou Cissé, sous la pluie. Plusieurs tenaient un parapluie, au son de vuvuzelas.

C'est la première manifestation contre le pouvoir depuis le 21 juillet quand le mouvement avait annoncé une trêve pour permettre un déroulement dans le calme de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha le 31 juillet. Le Mouvement du 5 juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), une coalition hétéroclite de chefs religieux, politiques, et de la société civile, réclame depuis juin le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, élu en 2013 puis réélu en 2018 pour cinq ans. Ce nouveau rassemblement est organisé malgré l'appel de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

Troubles meurtriers

«Toute la communauté internationale sait qu'il y a des difficultés au Mali. Nous tentons d'aider le peuple malien à les résoudre», a déclaré son envoyé spécial au Mali, l'ex-président du Nigeria, Goodluck Jonathan, lors d'une conférence de presse lundi soir à Bamako. «Il n'y a donc plus lieu d'organiser continuellement des manifestations», a dit Goodluck Jonathan, appelant à «rester strictement dans le cadre du dialogue».

L'ex-dirigeant nigérian est depuis lundi à Bamako où il a assisté le même jour à la prestation des neuf membres de la Cour constitutionnelle, nommés le 7 août conformément aux recommandations de la Cédéao fin juillet pour tenter sortir le pays de la crise politique. La Cour constitutionnelle est considérée comme l'un des éléments déclencheurs de la crise politique actuelle, après qu'elle a invalidé fin avril une trentaine de résultats des élections législatives de mars-avril, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Le weekend du 10 juillet, une manifestation à l'appel de l'opposition a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers, les plus graves à Bamako depuis le coup d'Etat de 2012. Le Mali est en outre confronté depuis 2012 à des attaques djihadistes auxquelles se sont mêlés des heurts intercommunautaires. Ces violences, parties du Nord, se sont propagées dans le centre du pays puis au Niger et au Burkina voisins.

lefigaro.fr
Le 11 août 2020

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