Vincent Bolloré était arrivé, en juin 2014, à la tête du conseil de surveillance du géant des médias Vivendi. 

L’annonce est tombée mardi : Vincent Bolloré, patron de Vivendi, quitte la présidence du conseil de surveillance de Canal +. L’industriel breton estime que sa filiale de télévision payante a bien entamé son redressement, et ce, au moment où ses affaires en Italie subissent de multiples assauts.

incent Bolloré, qui s’était fortement impliqué dans le remaniement de Canal + depuis 2014, prend du recul. Le patron de Vivendi lâche les rênes de sa filiale de télévision payante et conforte les équipes en place. « Vincent Bolloré a considéré qu’on avait engagé les actions nécessaires, même si Canal + n’est pas encore sorti de sa convalescence », a expliqué, mardi, Maxime Saada, désormais chargé de la direction opérationnelle de l’ensemble des activités du groupe Canal +, en France, à l’international et dans le cinéma. Concrètement, l’homme d’affaires breton est remplacé à la présidence du conseil de surveillance de Canal + par Jean-Christophe Thiery, un proche qui a fait l’ensemble de sa carrière dans les médias du groupe Bolloré.

Le dirigeant de Vivendi a aussi fort à faire en Italie où son projet d’alliance avec le groupe de médias Mediaset a viré à la bataille judiciaire avec la famille Berlusconi et son contrôle sur l’opérateur Telecom Italia (Tim) est menacé par le fonds activiste Elliott.

Un remaniement parfois brutal

Vincent Bolloré était arrivé, en juin 2014, à la tête du conseil de surveillance du géant des médias Vivendi, obtenant le contrôle du groupe après être devenu, deux ans plus tôt, son principal actionnaire à l’issue de la revente, à Canal +, de ses chaînes de télévision D8 et D17. Il avait ensuite pris la présidence du conseil de surveillance de Canal +, en septembre 2015, afin de superviser le redressement des comptes de la filiale.

Vincent Bolloré a remanié parfois brutalement les équipes de Canal +, et a remercié des figures historiques du groupe, comme Bertrand Méheut, pour placer certains de ses fidèles. Canal + subissait alors une hémorragie d’abonnés face à la concurrence de BeIN Sports sur son offre sportive et l’arrivée de nouveaux concurrents sur le cinéma et les séries comme Netflix.

Une baisse des abonnés 

Pour regagner du terrain, le groupe a remanié sa grille et refondu, fin 2016, ses offres, mettant fin à son abonnement unique à 40 euros. Il a aussi conclu des accords de distribution avec les fournisseurs d’accès internet. Aujourd’hui, « il y a un clair renversement de tendance en France, avec une baisse du taux de résiliation », a souligné Maxime Saada, chez Canal + depuis 2004, désormais président du directoire.

Dans le détail, les chiffres sont cependant contrastés. Le groupe progresse à l’international, notamment en Afrique, mais, en France, il peine toujours à mettre fin à la baisse des abonnés qui souscrivent directement aux offres Canal +. Sur 2017, le groupe a annoncé un gain net de près de 600 000 abonnés dans le monde à 15,6 millions.

Si, dans l’Hexagone, Canal + affiche une progression de ses abonnés à 8,1 millions, au total, les clients abonnés directement à Canal + sont passés sous la barre des cinq millions, tandis que le groupe a gagné 3,1 millions d’abonnés via ses nouveaux accords avec les opérateurs Orange et Free, qui sont moins rentables.

La concurrence est rude

Signe inquiétant, la stabilisation des abonnements directs (Canal + et Canalsat) constatée au troisième trimestre ne s’est pas confirmée sur les trois derniers mois de l’année. Ainsi, pour Jean-Baptiste Sergeant, analyste pour Mainfirst, « le redressement de Canal + n’est pas avéré ». « D’autant plus que Canal + devrait souffrir, à partir de cet été, de la perte de l’exclusivité de la Ligue des Champions » de football, dont les droits ont été remportés par SFR (Altice), note-t-il.

Le véritable test pour l’avenir de Canal + sera sans doute l’appel d’offres pour les droits de la Ligue 1, de 2020 à 2024, dont la date n’a pas encore été annoncée. Le groupe doit sécuriser ces matchs, qui représentent son principal produit d’appel, mais la concurrence sera rude et les prix pourraient flamber.


letelegramme.fr
Le 10 avril 2018

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