Avec chiffres à l’appui, des chercheurs africains ont déclaré le 20 novembre à Alger que le flux migratoire arrivant en Europe en provenance d’Afrique est loin de représenter un danger pour le Vieux Continent, au moment où les statistiques européennes montrent, quant à elles, l’importance de ce phénomène pour l’Europe.

«Les migrants africains ne constituent pas une menace pour l'Europe». C'est ce qu'ont affirmé le 20 novembre à Alger des chercheurs et spécialistes africains lors de la deuxième Conférence internationale des ONG africaines, membres du Conseil économique et social de l'ONU (Ecosoc), qui s'est tenue dans la capitale algérienne du 19 au 21 novembre, selon le journal El Watan. Cette affirmation est aux antipodes des rapports de l'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex) qui font état de flux migratoires, pris dans leur ensemble, de plus en plus ingérables pour les pays de l'UE.

 

Selon les experts ayant pris part à cette rencontre organisée sous le thème «Impliquer l'Afrique pour faire face à la crise migratoire», la question de l'immigration est utilisée par l'Europe comme un levier de pression sur les pays africains en leur faisant porter la responsabilité de freiner ce phénomène, sans prendre en compte les problèmes socio-économiques l'ayant engendré sur le continent.

 

Appuyant leur affirmations avec des chiffres, tout en indiquant que sur un total de 36 millions d'immigrés africains, 29 millions n'ont pas pu passer les frontières européennes, ces spécialistes ont souligné que «seuls 7 millions (20%), dont 5,5 millions de médecins, ingénieurs, étudiants et autres, ont immigré légalement en Europe. Le reste, soit 1,5 million (0,3%) sont des migrants clandestins, un chiffre qui ne constitue aucunement une menace pour l'Europe».

 

Partant des statistiques citées ci-dessus, ces chercheurs ont ainsi expliqué que «l'Italie accueille 7% des migrants africains, alors que ses médias avancent le chiffre de 24,6%, le Portugal en accueille 6,2% et en déclare 20,6%, la Grèce 8,4% et en déclare 20%, l'Allemagne en accueille 8,8% et déclare 13% de migrants africains sur son sol».

 

Dans son rapport de mai 2018 cité par le journal Le Figaro dans son édition du 28 juin, Frontex a affirmé que par rapport au pic de 1,82 million de franchissements illégaux des frontières européennes enregistrés lors du début de la crise migratoire en 2015, les flux en 2017 et 2018, bien qu'ils sont en nette baisse, restent importants et constituent un énorme défi pour les pays européens frappés eux-mêmes de plein fouet par la crise économique. En effet, l'année dernière, l'agence européenne a «comptabilisé 204.734 passages illégaux, et les chiffres de 2018 montrent que la tendance est encore en baisse. Ils pourraient retrouver des niveaux similaires à ceux de 2009, où 104.599 passages avaient été détectés».

 

À titre d'exemple, le rapport cité par le quotidien français rappelle que l'Allemagne a accueilli 1,1 million de migrants en 2015, a accordé l'asile à près de 150.000 étrangers en 2015 et à 445.000 étrangers l'année suivante.

 

Tout en affirmant que 83% des migrants africains en Europe sont en quête de sécurité et de travail, d'après des sondages d'opinion menés auprès d'eux, les experts africains ont souligné en guise de conclusion à cette conférence d'Alger que la solution à la crise migratoire passe par le développement du continent africain: l'éradication de la pauvreté et de la violence, la lutte contre les changements climatiques et les maladies, la résolution des conflits, la bonne gouvernance et le développement durable.

Pour rappel, depuis des mois les Européens demandent aux pays d'Afrique du Nord d'accepter la création de camps de rétention de migrants sur leur sol, chose que ces derniers refusent encore catégoriquement.


Le 22 novembre

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