
Le boycott massif du référendum constitutionnel a plongé le sommet de la transition dans une atmosphère de tension et de désillusion. Entre colères, règlements de comptes et désaveu populaire, le CNRD mesure pour la première fois l’ampleur de son isolement.
Selon des indiscrétions au palais Mohamed V, le Général Mamadi Doumbouya traverse une phase de grande irritation à la suite du boycott massif du référendum. Dans la nuit du scrutin, il aurait élevé la voix contre ceux qui l’avaient encouragé à s’engager dans ce projet, lui faisant croire qu’il maîtrisait totalement la situation.
Selon nos informateurs, le lendemain matin, il a refusé de les recevoir pour un compte rendu, laissant le Premier ministre et certains membres du CNRD s’entretenir à sa place avec les membres du Conseil supérieur de la défense et la commission chargée de la sécurisation des élections.
La Directrice générale des élections, de son côté, a été la cible des foudres du clan présidentiel, suite au boycott massif des populations, comme si elle était responsable des illusions entretenues au sommet de l’État par la complicité des ministres et directeurs-businessmen de la transition.
Les tensions sont particulièrement vives entre Doumbouya, le général Balla, le général Amara et certains civils du CNRD. Après avoir été sermonnés par le chef de la transition, ils ont déversé leur colère sur la DGE. Pourtant, l’échec du référendum aurait pu servir de signal d’alerte à Mamadi Doumbouya sur la réalité du terrain, bien éloignée des parades et des cortèges propagandistes organisés de ville en ville à coups de milliards.
Selon les informations, le président de la transition et ses proches suivent d’ailleurs de près les réactions populaires à travers leurs propres comptes fictifs sur Facebook, preuve qu’ils ne peuvent ignorer la profondeur du désaveu exprimé par les populations.
Ce référendum, qui ne comportait pas d’enjeu de candidature, a mis en lumière les limites du régime du CNRD, désormais désavoué par le silence du peuple, loin des propagandes d’illusions. Que se passera-t-il s’il s’entête, le jour d’une véritable élection présidentielle, sous tension et avec de fortes pressions ? Certains craignent que le général-président, acculé par l’échec, ne cède à sa propension à avoir la gâchette facile.
Les principaux responsables de cette impasse dans le mensonge et la manipulation, selon nos sources, sont des ministres hauts perchés de la transition dont je tais les noms, qui l’ont conforté dans l’illusion d’un contrôle total et du soutien du peuple. À cela s’ajoute l’influence du général Amara et de certains contingents opportunistes du RPG, venus lui faire croire qu’ils détenaient la formule politique magique pour la victoire. Plus grave encore, ces ministres vendeurs d’illusions, dans la fourberie, ont embarqué la famille de Mamadi Doumbouya, notamment sa mère et sa sœur Aïcha, dans ce projet, devenant les marraines d’une forfaiture politique dont l’histoire retiendra la marque.
En réalité, loin des chiffres officiels et des propagandes mises en scène, le message envoyé par le peuple est clair : le CNRD ne bénéficie plus de la confiance populaire. Le référendum a été moins un plébiscite qu’un révélateur d’isolement, un avertissement dont le chef de la transition et son clan ne pourront longtemps faire semblant d’ignorer la portée.
Affaire à suivre…
Mamoudou Babila KEÏTA
Journaliste d’investigation
Éditorialiste – Voix libre en exil.
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