CNT, DGE et ONASUR : la foire aux coquins (Édito). Par le Journaliste Babila Keita

En Guinée, la transition a pris des allures de mauvais spectacle. La nouvelle Constitution, rejetée dans la rue, a été imposée à coups de propagande et de répression. À peine promulguée, le CNT, ce Parlement de carton-pâte, a pondu une loi électorale sans demander l’avis de personne, sinon des parrains tapis dans l’ombre. Et pour parachever la farce, le président de la Transition fixe au 28 décembre la présidentielle, comme un cadeau de Noël piégé.

 

Le décor est verrouillé. Pas d’opposition, pas de débat, mais une répression sans concession. Le RPG-arc-en-ciel et l’UFDG sont suspendus, leurs leaders relégués à l’exil. Le champ politique a été ratissé, et dans ce vide, la guerre des ambitions fait rage.

 

Premier acteur sur scène : Dansa Kourouma. Le président du CNT s’agite pour garder son fauteuil, se recycler dans les futures institutions ou, pourquoi pas, viser la magistrature suprême. La DGE, au lieu d’être un arbitre, se comporte en agence de placement, enrôlant ses fidèles pour verrouiller les scrutins. Quant à l’ONASUR, morte dans la loi mais ressuscitée en coulisse, elle erre comme un zombie dans les couloirs du pouvoir, négociant son institutionnalisation.

 

Le projet de mise en place des institutions de la nouvelle Constitution n’a rien d’une refondation. C’est un partage de butin. Les conseillers du CNT seront recyclés, la DGE verrouillera les urnes, et l’ONASUR tentera de s’accrocher au système comme un chewing-gum sous la table.

 

La transition, promise comme une rupture, se résume en réalité à un carnaval de combines. Derrière les discours pompeux, ce n’est pas la République qui se construit, mais la foire des coquins. Et une fois de plus, le peuple, réduit au rôle de figurant, paie le prix d’un scénario déjà vu.

 

Mamoudou Babila KEÏTA

Journaliste d'investigation

 

Éditorialiste - Voix libre en exil. 

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