Sidya Touré : "Il est urgent qu'une Assemblée nationale soit constituée en Guinée"

Arrivé troisième lors du premier tour de la présidentielle guinéenne, l’ancien Premier ministre Sidya Touré, qui a soutenu au second tour le candidat malheureux Cellou Dalein Diallo, est désormais une figure forte de l’opposition à Alpha Condé. Qu’il soupçonne de vouloir reporter les élections législatives, empêchant ainsi la constitution rapide d'une Assemblée nationale.

 

Jeuneafrique.com : Quel regard portez-vous sur les trois premiers mois du président Alpha Condé ?

Sidya Touré : Pour nous, la chose la plus significative de cette période, c’est la volonté apparente de ne pas organiser les élections législatives à bonne date. Quand nous connaissons le contexte de l’élection présidentielle qui s’est déroulée en deux temps, avec des délais qui sont passés de quatorze jours à pratiquement trois à quatre mois, nous ne souhaitons pas que cela se répète pour les législatives. Cela donnerait la possibilité à l’exécutif de mettre la main sur l’administration comme il a déjà commencé de le faire.

 

Est-ce que l’opposition a une stratégie concertée pour aller à ces législatives et pour être présente de manière unitaire à l’Assemblée nationale ?  La résurrection des "Forces vives" (regroupement des partis d’opposition et de la société civile né sous le régime de Lansana Conté) vise-t-elle à présenter un front uni ?

 

Oui. Mais il n’y aura pas que les partis d’opposition qui feront partie des « Forces vives ». Des partis membres de la coalition Arc-en-ciel [qui a porté Alpha Condé au pouvoir] se retrouveront probablement avec nous. Il faut tout de même savoir que les élections législatives en Guinée obéissent à un mode de scrutin particulier, avec une dose de proportionnelle. Donc, cela ne vous est pas du tout défavorable que vous soyez candidat au nom de votre parti tout en appartenant à une coalition.

 

La situation économique est un problème en Guinée. Il y a notamment la question monétaire avec la dépréciation du franc guinéen. Quel regard portez-vous sur les mesures de régulation et d’intervention mises en place par le gouvernement pour protéger la monnaie ?

Je n’ai pas vu de mesures pour le moment…

Il y a par exemple l’interdiction du change…

Quand vous interdisez le change parallèle, vous organisez le change normal à la Banque centrale… Vous ne bloquez pas toutes les opérations de change, dans la mesure où la Guinée ne produit pas 95 % des biens utilisés ici et a besoin d'acheter des devises pour se les procurer à l'étranger.

 

Comment jugez-vous la remise à plat des contrats miniers annoncée par les autorités ?

Je ne connais pas le contenu de ces contrats. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous nous battons pour avoir une Assemblée nationale. Les mines, c’est une question essentielle qui devrait faire l’objet d’un débat parlementaire transparent. Il est urgent qu’une Assemblée nationale soit constituée….

 

Cette revendication sera-t-elle portée par l’opposition et les "Forces vives" ?

Absolument. On ne peut pas parler de l’économie guinéenne sans parler des mines. C’est certain que nous allons demander une plus grande transparence dans la signature, la révision de ces contrats miniers. Mais également des autres contrats.

 

Propos recueillis par Théophile Kouamouo à Conakry.

 

JA


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